Une histoire du ginseng

Panacée de la médecine asiatique servant à guérir toutes sortes de maux, le ginseng est une plante connue depuis des millénaires dont les vertus ont été récemment prouvées scientifiquement. Assurant force et vitalité, sa consommation a été longtemps réservée à l’Empereur ainsi qu’à une petite élite jouissant de ses faveurs.



Plus prisé que l’or, cette plante aux origines mythiques a toujours exercé une fascination sur les humains à la recherche de la longévité, puissants comme simples mortels. Son nom est un anglicisme du mot rénshēn, homme racine en chinois mandarin, qui fait référence à la forme anthropomorphe de la racine âgée, signe que cette plante était faite pour l’homme.

Selon une légende chinoise, le ginseng serait né de la force d’un éclair qui aurait frappé le ruisseau d’une montagne, et donc le résultat de la fusion des quatre éléments : feu, eau, air et terre. D’après une autre légende, coréenne, il serait un don que les dieux firent à un jeune homme dont la mère était gravement malade. Néanmoins, la première mention du ginseng et de ses propriétés médicinales remonte il y a cinq mille ans, dans des textes sacrés indiens.

photo txteCultivé dans tout l’Est de l’Asie, il en existe plusieurs espèces, le ginseng coréen insem ou Panax ginseng étant réputé pour être le meilleur. Attesté dans ces contrées à partir du XIIIème siècle, il poussait dans les montagnes à l’état sauvage. Difficile à trouver, son prix exorbitant et sa rareté en fait un produit qu’on offrait aux dieux. Rapidement, il devient un élément essentiel des rituels religieux. Connu pour ses effets bénéfiques sur la vitalité, tout le monde s’accorde à attribuer l’extraordinaire longévité du roi Yeongjo (1694-1774) au ginseng, un des éléments principaux de son alimentation.

Au XVIIIème siècle, face à la disparition du ginseng sauvage, engendrée par une demande croissante, la Corée est le premier pays à maîtriser sa culture et à se lancer dans une production de masse. Mettant en place une culture rationnelle et intensive, l’Etat en a fait depuis son monopole dont il garantit la qualité.

Selon certains, le ginseng aurait été introduit en Europe par un aventurier mauresque dès le XIe siècle. Si Marco Polo le mentionne dans son « Livre des merveilles », il est peu probable qu’il en ait ramené lors de ses voyages en Chine. En 1610, des commerçants hollandais rapportent les premières racines en Europe. Le roi de Siam en fait présent au roi Louis XIV et, en 1697, une première étude lui étant consacrée est présentée à l'Académie Royale des Sciences de Paris. Introduit à une époque où la rationalité scientifique s’oppose à la tradition, victime des préjugés, le ginseng n’est pas adopté en Europe.

Au fil des siècles, il conquiert d’autres continents et sa consommation se généralise. Néanmoins, le ginseng coréen demeure le meilleur au monde.

Un savoir vieux de plus de 1500 ans qui fait la fierté et le symbole de tout un pays.


Vidéos

« Le ginseng, aux racines de la Corée »
Trésor national, le ginseng est le symbole de la résistance de la Corée face à ses voisins. Reportage proposé par ARTE.

« Le Ginseng coréen, un don des divinités »
Reportage proposé par NTD Français.